Lors de la visite de la délégation belge au Sénégal du 21 au 25 mai 2023, nous avons eu la chance de rencontrer Geoffroy Fierens, un dirigeant très sympathique, au Sea Plaza à Dakar. Il est le créateur du jeu « Le Tour d’Afrique ». Ce jeu de société, lancé en septembre 2019 en Belgique, puis dans d’autres pays d’Europe et d’Afrique, se distingue des jeux classiques tels que le Jeu de l’Oie, les Petits Chevaux ou le Monopoly. Il s’agit d’une sorte de Trivial Pursuit entièrement axé sur l’Afrique. La première édition, limitée à 1000 exemplaires, s’est rapidement écoulée, et une deuxième édition vient de sortir.
Le Tour d’Afrique est un jeu ludique qui propose une promenade autour de la carte du continent. Les participants doivent répondre à des questions sur l’Afrique pour avancer dans le jeu. Il peut se jouer à partir de deux personnes et jusqu’à six personnes en équipe. Les 1250 questions du jeu, regroupées en cinq catégories (arts, nature, géographie, sport et histoire), mettent au défi les joueurs de tous âges et niveaux de connaissance de l’Afrique.
La première édition du Tour d’Afrique s’est bien vendue en Europe, notamment en Belgique et en France, grâce à la présence d’une importante diaspora africaine. Cependant, la distribution sur le continent africain reste un défi. Fierens explore diverses voies pour renforcer la présence du jeu en Afrique, en cherchant notamment à établir des partenariats avec des points de vente locaux et à étendre sa distribution dans les festivals de jeux africains.
La deuxième édition du Tour d’Afrique vient de sortir avec quelques modifications, notamment l’ajout de légendes sur le plateau indiquant les noms des pays, ce qui facilite l’apprentissage de la géographie tout en jouant. Fierens travaille également sur une version en anglais de la nouvelle édition pour toucher un public plus large.
Son objectif ultime est de faire connaître le Tour d’Afrique dans le maximum de festivals et de conquérir le marché de la grande distribution, tant en Afrique qu’en Europe, où existe une demande parmi la diaspora africaine et les passionnés de l’Afrique. Il souhaite ainsi répondre à la forte demande croissante pour les jeux de société africains et offrir une expérience ludique et instructive sur le continent africain.
Culturama a eu le plaisir d’échanger avec Geoffroy Fierens, le créateur du jeu. Nous vous laissons profiter de cet échange très riche en enseignement.
1. Pouvez-vous nous raconter comment vous est venue l’idée de créer le jeu « Le Tour d’Afrique » et quel a été votre objectif principal en le concevant ?
Mon grand-père enseigna la chimie en RDC d’abord et fût professeur invité dans de nombreuses universités africaines. Il avait un vif intérêt pour le continent qu’il m’a transmis et ce notamment durant des discussions autour de la carte de l’Afrique qu’il commentait avec beaucoup d’enthousiasme. Plus tard, jouant au Trivial Pursuit avec mes parents, j’ai constaté que les questions “africaines” étaient très limitées. L’idée m’est venue de créer une version dédiée à cette passionante partie du monde. L’objectif de cette création est d’apprendre davantage sur l’Afrique.
2. Comment décririez-vous la nature instructive et éducative du jeu « Le Tour d’Afrique » et en quoi pensez-vous qu’il soit important pour la culture générale et la connaissance du continent africain ?
Le jeu est un outil parmi d’autres mais j’en suis sûr : un bon outil. L’être humain retient mieux lorsqu’il associe la notion de plaisir à son apprentissage. Le but est ici de s’amuser premièrement et ensuite de faire naître des discussions sur le thème de l’Afrique au départ des questions posées dans le jeu, de brasser des éléments culturels pour développer les conversations en famille ou entre amis. Quel plaisir ensuite de se tourner vers d’autres outils comme les livres, les oeuvres d’art, les musées, etc…
Lorsque le tour virtuel de la carte en se deplaçant de case en case aura été réalisé bien entendu..
3. Quelles sont les catégories de questions abordées dans le jeu et comment les avez-vous sélectionnées ?
Il s’agit des categories habituelles des jeux de quiz nature, sports, histoire, géographie, arts. Les 54 pays sont représentés.
4. Pouvez-vous nous parler des évolutions apportées à la deuxième édition du jeu et des modifications que vous avez réalisées ?
A la demande de nombreux joueurs, nous avons légendé la carte de manière à pouvoir se repérer sur le continent. Les questions ont également été recalibrées afin d’équilibrer le niveau de difficulté.
— Geoffroy Fierens, le créateur du jeuLe jeu est un outil parmi d’autres mais j’en suis sûr : un bon outil. L’être humain retient mieux lorsqu’il associe la notion de plaisir à son apprentissage.
5. Comment le jeu a-t-il été accueilli en Europe et en Afrique depuis son lancement ?
Le jeu a été accueilli très favorablement. Il y a une vraie attente du public pour ce type de produits culturels axé sur la diversité. Son caractère nouveau enchante ceux qui le découvre.
Avez-vous rencontré des défis particuliers dans sa diffusion sur le continent africain ?
Nous rencontrons de nombreux défis dans sa diffusion en Afrique. Il faut créer un réseau, faire connaître le jeu auprès du public, rendre le jeu disponible au plus grand nombre.
Le secteur du jeu se développe et nous sommes confiants mais nous cherchons sans cesse de nouveaux partenaires
6. Quels sont vos projets pour renforcer la présence du jeu en Afrique et atteindre une clientèle plus large, notamment parmi la diaspora africaine et les Africains eux-mêmes ?
Nous comptons très fort sur des “ambassadeurs” ou “relais” dans différents pays tels que pour le moment le Sénégal bien sûr mais aussi le Togo, la Côte d’Ivoire, le Cameroun et la RDC.
Nous commençons à disposer de représentants dans plusieurs pays, ce qui nous permet d’étendre nos ventes.
7. Vous avez mentionné l’importance des festivals de jeux. Comment ces événements ont-ils contribué à la promotion et à la diffusion du jeu « Le Tour d’Afrique » ? Quels sont vos projets futurs pour participer à ces festivals ?
Chaque participation à un festival créé une émulation et provoque de l’enthousiamse et des réactions sur les reseaux sociaux notamment et génèrent de la publicité.
Nous sommes déjà partenaire du Dakar Games festival et du festival pousse-pions à Yaoundé. Au rythme où évolue le secteur cela va continuer à augmenter.
8. Avez-vous des conseils pour les jeunes créateurs de jeux qui souhaitent se lancer dans l’industrie du jeu de société ? Quelles sont les principales leçons que vous avez apprises en tant que concepteur de jeux ?
A ce stade de notre aventure, la grande leçon est qu’il faut tester, tester et encore tester. Il faut voir ce qui plait et ce qui plait moins, voir quel chemin emprunte une idée de l’esprit d’un joueur à celui d’un autre. Aussi, si je devais me risquer à donner un conseil à vos lecteurs, je dirais : Fabriquez un prototype et tester le sur vos amis et vos connaissances. Même si cela ne plait pas tout de suite sous la première forme, vous aurez déjà donné un coup d’accélérateur à votre sens de la création et saurez quoi corriger.
9. Comment envisagez-vous l’avenir du jeu « Le Tour d’Afrique » ? Avez-vous des plans pour développer de nouvelles éditions ou des jeux similaires mettant en valeur d’autres régions ou pays du monde ?
Nous avons reçu de nombreuses proposition de partenariats dans plusieurs pays du monde mais notre objectif est vraiment de nous concentrer sur l’Afrique en developpant des versions nationales ( une version sénégalaise doit voir le jour) et diversifier les langues dans lesquelles le jeu est disponible. La version anglaise marche très bien, cela nous pousse à continuer dans ce sens.
10. Que diriez-vous aux personnes qui hésitent à jouer au jeu « Le Tour d’Afrique » ? Qu’est-ce qui rend ce jeu unique et pourquoi devraient-elles y participer ?
Y jouer, c’est l’adopter ! Il y a tout à gagner à démarrer une partie du Tour d’Afrique car même si l’on se trompe dans l’une ou l’autre réponse, on est quand même gagnant puisqu’on apprend quelque chose. Il ne faut pas avoir peur de s’amuser. Le tour d’Afrique, c’est le moyen de devenir incollable.
11. Geoffroy, en tant que membre de la délégation belge lors de la visite à Dakar du 21 au 25 mai 2023, pouvez-vous nous parler de votre expérience et de ce que vous avez retiré de cette visite ? Quels ont été les moments forts pour vous et comment cela a-t-il influencé votre perception de Dakar et de la culture sénégalaise
Je souhaite dire que l’accueil reçu au Sénégal est toujours formidable. La Teranga n’est pas une légende. Ce fût très enrichissant de pouvoir me méler à une délégagtion si grande et diversifié.Les organismes belges et sénégalais impliqués dans la mise sur pied de ce voyage sont à féliciter pour leur travail.
S’il me fallait retenir un moment, je parlerais de ma rencontrer avec Yousou N’dour à l’occasion du Forum de sa fondation sur les industries culturelles et créatives. Il m’a fait expliquer le jeu devant les caméras et je dois dire que comme bien sûr il figure dans le jeu une question sur Youssou N’dour : Pouvoir lui parler du jeu me fît éprouver une émotion particulière. Je le remercie encore.