La Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS) a lancé la diffusion d’une série de films et documentaires sénégalais dédiés à des grandes figures politiques et historiques du Sénégal, afin de faire mieux connaître un pan de l’histoire du pays au grand public, a annoncé le directeur général de la RTS, Pape Alé Niang.
J’ai mis en place une politique d’ouverture de nos portes à tous les producteurs pour qu’ils puissent diffuser leurs films sur la RTS, ce qui permettra de mieux faire connaître ces figures emblématiques et de favoriser la réappropriation de notre histoire.
Pape Alé Niang, le Directeur Général de la RTS
Le Sénégal compte de nombreux grands producteurs et dispose d’une riche production de films depuis l’avènement du Fonds de promotion de l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel (FOPICA), selon M. Niang.
Il a pris cette initiative pour « faire connaître ces films, une partie de notre histoire, mais aussi pour promouvoir les producteurs et réalisateurs sénégalais ».
Le directeur général de la RTS a précisé que ces films sont « en fin de saison », ayant terminé leur circuit en salles et dans les festivals.
Le documentaire « Essamay : Bocandé, la Panthère » de Maky Madiba Sylla, en hommage au défunt footballeur sénégalais Jules François Bocandé, a déjà été diffusé sur la RTS. De même, le film « Omar Blondin Diop, le révolté » du réalisateur Djeydi Djigo, diffusé le dimanche 9 juin dernier, revient sur la mort de ce révolutionnaire en prison à Gorée le 11 mai 1973, sous le règne du président Léopold Senghor.
D’autres films documentaires, tels que « Président Dia » et « Kemtiyu Seex Anta » du réalisateur Ousmane William Mbaye, seront bientôt diffusés sur la RTS. Le film documentaire « Valdiodio Ndiaye, un procès pour l’histoire » de la réalisatrice française d’origine sénégalaise Amina Ndiaye Leclerc, qui traite du procès de 1963 après la crise politique de 1962, sera également diffusé.
Amina Ndiaye-Leclerc, à travers son film, exhume une partie de l’histoire politique du Sénégal post-indépendance pour réhabiliter la mémoire de son père, Valdiodio Ndiaye.
Le film « Dansokho : Il chantait rouge » de Maky Madiba Sylla, retraçant le parcours et les convictions du défunt ministre et secrétaire général du Parti pour l’indépendance et du travail (PIT) du Sénégal, est aussi programmé par la télévision publique.
Le documentaire « El Maestro Laba Socé », qui retrace la carrière de cet artiste atypique, figure également dans la grille des programmes de la RTS.
Pape Alé Niang a également annoncé des discussions avec la réalisatrice Katy Léna Ndiaye pour la diffusion de son film « Une histoire de FCFA ».
« La RTS ne cherche pas à faire de l’argent avec cette initiative, il n’y a aucun sponsor », a-t-il souligné. « J’invite tous les réalisateurs et producteurs à nous contacter, car la télévision nationale a le devoir de diffuser leurs films. Ce sont des personnalités de notre histoire souvent méconnues », a-t-il ajouté.
Selon Pape Alé Niang, la plupart des réalisateurs doivent diffuser leurs films à la RTS pour prétendre au financement du FOPICA.
Nommé directeur général de la RTS le 24 mars dernier, Pape Alé Niang souhaite répondre aux attentes des réalisateurs qu’il avait souvent entendues lorsqu’il animait l’émission « Samedi Mag » sur la 2STV.
« Un acte noble », selon des réalisateurs
« Montrer des films sénégalais et africains à la télévision nationale est un acte noble. Nous sommes heureux chaque fois que la RTS diffuse nos films », a réagi le réalisateur sénégalais Ousmane William Mbaye, joint depuis Paris où il séjourne.
Il a confirmé que le DG de la RTS l’avait contacté et montré un grand intérêt pour son film « Président Dia ». « La RTS n’ayant pas ‘Président Dia’, je lui ai promis de lui envoyer un fichier broadcast », a-t-il ajouté.
Ousmane William Mbaye a également souligné que la RTS avait acquis les droits de diffusion de la version française et celle sous-titrée en wolof de « Kemtiyu Séex Anta », mais n’avait diffusé le film qu’une seule fois.
Maky Madiba Sylla a également salué cette « excellente nouvelle » de voir leurs œuvres diffusées sur la télévision nationale. « À chaque fois qu’on fait des films, ils sont vus à l’étranger, mais rarement au Sénégal. Savoir que mon film sera diffusé sur la télévision nationale de mon pays est un véritable bonheur », a-t-il déclaré.
Il a souligné l’importance de cette initiative du nouveau directeur général de la RTS, qui a compris l’importance des œuvres et des réalisateurs sénégalais pour le grand public.
Le réalisateur a toutefois suggéré une éducation du public au cinéma et a proposé que la diffusion des films soit suivie de séances de discussion sous forme de table ronde.
Le DCI salue la volonté du nouveau DG de la RTS
Le directeur général de la cinématographie, Germain Coly, a salué cette initiative, affirmant qu’elle résout « un problème crucial » avec la diffusion de la production de films sénégalais, qui étaient souvent difficiles à voir au Sénégal malgré leur succès à l’étranger.
Selon Germain Coly, cette initiative permettra de montrer les films financés par le FOPICA depuis 2014. « C’est un partenariat gagnant-gagnant, nous travaillons ensemble pour montrer les productions sénégalaises », a-t-il conclu.