Le Festival de Cannes met en avant cette année la présence remarquée des cinéastes africains, soulignant ainsi le travail des professionnels du continent et le rôle crucial de la coproduction.
À la fin de la projection du film « Banel e Adama » de la Franco-Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy, en lice pour la Palme d’Or, une journaliste chinoise est émue aux larmes. Interrogée sur les raisons de son émotion, elle répond : « J’ai été profondément touchée par ce film. Je suis venue à cette projection sans attente particulière. Le cinéma africain est un territoire inexploré pour moi et j’ai énormément apprécié cette œuvre ». Curieuse d’en savoir plus sur la cinéaste assise quelques rangées devant elle, qui revisite avec sophistication et sublime photographie les films africains dont les décors sont des villages, elle ajoute : « Je sais que c’est un film complexe. J’espère néanmoins qu’il a touché les spectateurs, car c’est là l’essentiel », déclare Ramata-Toulaye Sy le samedi 20 mai lors de la présentation de son long métrage. Pari réussi.
Cette année, le Festival de Cannes s’est attelé à combler un vide en mettant en avant plus d’une quinzaine de films réalisés par des cinéastes africains, dans différentes catégories et sections. Lors de la conférence de presse du Festival de Cannes, le 13 avril dernier, Thierry Frémaux, délégué général du festival, s’est félicité de la « forte présence du continent africain » au sein de la sélection officielle, marquée par une nouvelle génération de cinéastes, notamment des réalisatrices. Parmi eux, « Les Filles d’Olfa », concept cinématographique de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, qui joue avec les codes du docu-fiction, et le premier long métrage de Ramata-Toulaye Sy sont en compétition.
« Pour ceux qui suivent de près le cinéma africain, c’est plutôt une reconnaissance tardive. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que ces films bénéficient d’une visibilité et d’une distribution à grande échelle. »
Claire Diao
Des premières pour la RDC et le Soudan
Parmi les autres films projetés, on retrouve « Kadib Abyad » (La Mère de tous les mensonges) de la Marocaine Asmae El Moudir à Un Certain Regard. De même, le Belgo-Congolais Baloji (Augure) permet à la République démocratique du Congo (RDC) d’être pour la première fois présente dans la sélection officielle. Le Marocain Kamel Lazraq (Les Meutes) et Mohamed Kordofani (Goodbye Julia) offrent également au Soudan sa première sélection cannoise. Durant la projection, le réalisateur a tenu à exprimer son soutien à ses compatriotes, confrontés à une guerre civile, et a souligné l’absence d’une partie de son équipe en raison de problèmes de visas.
Malgré la présence de plusieurs films africains sur la Croisette, il ne faut pas s’emballer. « Pour les novices, c’est une nouveauté », explique Claire Diao, distributrice et critique de cinéma. « Pour ceux qui suivent de près le cinéma africain, c’est plutôt une reconnaissance tardive. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que ces films bénéficient d’une visibilité et d’une distribution à grande échelle. »
Pourtant, la montée en puissance du cinéma africain à Cannes est indéniable. Les cinéastes africains apportent une vision singulière et authentique, offrant un regard différent sur le continent et ses réalités. Leurs films abordent des thèmes universels tels que l’amour, la famille, la quête d’identité, mais également des problématiques spécifiques à l’Afrique, telles que la colonisation, la post-indépendance, ou encore les défis sociaux et politiques contemporains.
Le Festival de Cannes joue un rôle essentiel en offrant une vitrine internationale à ces talents africains, leur permettant ainsi de se faire connaître auprès d’un public mondial et de potentiels distributeurs. Cependant, il est également crucial de développer des infrastructures de distribution et de promotion locales, afin que ces films puissent être diffusés et appréciés sur le continent africain.
Au-delà de la compétition officielle, le Festival de Cannes propose également des sections parallèles, telles que l’ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion), qui met en avant des films indépendants du monde entier. Cette année, l’ACID a sélectionné le film nigérian « Eyimofe » de Arie Esiri et Chuko Esiri, offrant ainsi une visibilité supplémentaire au cinéma africain.
En somme, le Festival de Cannes 2023 témoigne d’une présence remarquée du cinéma africain, mettant en lumière des réalisateurs talentueux et des histoires captivantes venues du continent. Cependant, il reste encore du travail à faire pour assurer une diffusion plus large et une reconnaissance durable de ces films, à la fois sur la scène internationale et au sein même de l’Afrique.
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