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Ouest Foire, Villa N°07 Cité SONATEL Dakar - Senegal

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Si Dakar était une dictée, on aurait retenu que les acteurs de l’aménagement du territoire eussent fait deux fautes écologiquement et territorialement scandaleuses. Il faut bien se demander comment on peut conjuguer le verbe habiter au temps d’un amoncellement indécent de briques qui tendent les bras à la promiscuité, sans aucun accord respecté avec l’espace. La ville étouffe, à quelques endroits, on n’habite pas, on entasse les humains comme si on avait affaire à des ratures. Les maux sont difficiles à écrire. La première faute est caractérisée par le manque d’espaces verts et la seconde est la plaie ouverte par le fait de n’avoir pas prévu des aires de jeu pour les enfants.

Je ne vais pas étaler tous les maux de tête en conséquence de ces maladresses ici mais il y a quelque chose qui interpelle en ces temps de vacances. Où les enfants s’épanouissent-ils ?

Les écoles ont déjà fermé leurs portes, plus récemment les candidats aux examens du BFEM et du BAC ont rejoint les pelotons des vacanciers. Dans un pays où, soit l’Etat a été faible, soit il a été assez négligeant pour privatiser l’essentiel de ces belles plages, il ne faut pas s’étonner que les jeunes aillent se baigner dans les étangs bleus interdits. Ces lieux où tout le monde se dirige en cette période de canicule pour prendre de l’air, célébrer, noyer son chagrin, ou juste apprivoiser l’oisiveté. Que Leuk Daour nous protège.

L’aiguille du compteur de la tragédie est très légère. Déjà, nous comptons 71 décès par noyade depuis le début de l’année, un bilan accéléré durant ces premières semaines de vacances. Il n’est guère surprenant que les victimes soient âgées entre quatorze (14) et vingt (20) ans. 

En attendant que les fautes soient corrigées, et je vous assure, ce n’est pas demain la veille, il faut déjà penser à occuper les enfants autrement. 

Créer un ailleurs attrayant, hors des plages interdites

Je pense que nous n’avons pas encore assez investi le champ de la culture pour proposer des activités aux jeunes durant les vacances. 

Le concept de vacances citoyennes pourrait être repensé autour de l’art et de la créativité dans une approche de service communautaire. Il ne s’agit pas, comme nous avons l’habitude de faire, d’avoir une liste de date de concerts, mais d’initier les jeunes à des activités pour créer du lien, du sens et qui investisse les imaginaires et leur richesse intérieure. Il serait intéressant de les inviter à jouer au théâtre, d’organiser des compétitions de génie en herbe, de développer des fresques murales avec les jeunes artistes avec des messages de citoyenneté, et même d’animer des ateliers d’écriture et de slam-poésie. 

Ces activités ont plusieurs avantages. En effet, elles permettent d’abord, de ne pas fermer les écoles totalement durant les vacances pour y tenir d’autres formats d’apprentissage. Cela permet de réinventer un instant, le rapport à l’école, en montrant à l’enfant qu’il est possible d’apprendre autrement et que l’école est aussi un espace de découverte de soi et d’affirmation de sa singularité et de son talent. 

Elles permettent aussi d’impliquer les associations de jeunesse, les mairies pour mieux les inviter à explorer d’autres champs pour accompagner la jeunesse de nos quartiers. 

La dimension du « service à la communauté » initie les jeunes à l’idée de développer une forte proximité avec leur territoire, d’avoir le sens de l’impact communautaire à travers leurs messages et leurs actions et surtout de profiter du temps long des vacances pour apprendre de nouvelles choses, et la première est le fait de se découvrir, la seconde, se sentir utile. 

J’ai personnellement eu la chance de vivre l’expérience d’animer des ateliers d’écriture pour des enfants durant les vacances. Je pense qu’offrir à des enfants l’opportunité de découvrir le génie en eux, de créer, d’essayer, de bricoler, le tout dans la bonne humeur est un loisir sublime.

Je ne dis pas qu’il ne faut pas aller à la plage, tant que c’est autorisé, mais d’inviter ces jeunes laissés à eux-mêmes, exposés à plusieurs dangers tous les jours, à s’occuper autrement.

La créativité a beaucoup à offrir à tous les goûts, à tous les espaces possibles, et pour toutes les aspirations. 

Le plus important dans cette démarche est que cette initiative qui pourrait s’appeler « vacances créatives », j’offre le nom, impulserait la dynamique de construction d’une industrie culturelle et créative avec un solide ancrage au niveau des communautés de base et une bonne implication des chefs de quartiers, des représentants d’association de jeunes, des maires. 

Ce soir, nous allons à la plage. Demain, nous irons à une répétition d’une pièce de théâtre sur la vie et l’œuvre de Nelson Mandela. C’est possible non ?

Patherson

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