Le cinéma Pathé Dakar a accueilli, ce mardi, la projection en avant-première du docu-fiction intitulé « 1776 : Thierno Souleymane Baal et la révolution du Fouta », une réalisation du cinéaste sénégalais Moe Sow. Ce film retrace la vie et le combat de Thierno Souleymane Baal, une figure emblématique de la liberté et de la justice au 18ème siècle au Fouta, dans le nord du Sénégal, qui a instauré un État théocratique.
Un hommage à un érudit et leader révolutionnaire
Ce docu-fiction met en lumière la figure d’un érudit sorti de la prestigieuse université sénégalaise de Khary Amar Fall de Pire, devenu chef de guerre et instigateur de la chute des « Déniyankés », une dynastie qui régna sur le Fouta. Par ses actions, Thierno Souleymane Baal libéra son peuple du joug des envahisseurs maures.
Le film alterne entre des interviews d’historiens et de philosophes sénégalais et mauritaniens, parmi lesquels Penda Mbow et El Hadji Hamidou Kassé, qui apportent leurs éclairages sur la vie de cet érudit missionnaire et « briseur du mouddo horma » – un impôt payé aux Maures envahisseurs.
L’histoire relatée dans ce film est une adaptation du livre « Ceerno Silymaani Baal, le leader de la révolution du Fuuta-Tooro (1765-1776) », écrit par Mamadou Youry Sall, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Une œuvre historique célébrant la justice et l’émancipation
Le film met en lumière les actions de Thierno Souleymane Baal, un marabout politique qui établit un État juste et appela son peuple à enseigner le Coran et à lutter contre le despotisme et l’esclavage. Dans cette production, Moe Sow donne l’exemple de ce héros, incarné par l’acteur anglais Oris Erhuero, dont la voix est doublée par l’acteur sénégalais Pape Faye, ce qui crée une légère désynchronisation des voix.
Malgré l’importance de son sujet, le film a montré quelques faiblesses techniques lors de sa projection, qui dure 55 minutes, notamment en ce qui concerne le jeu des acteurs et certains aspects de la mise en scène. Cela n’a cependant pas empêché l’œuvre d’être projetée devant un parterre de personnalités de premier plan, dont le Premier ministre Ousmane Sonko, le Haut représentant du Président de la République Aminata Touré, ainsi que la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture Khady Diène Gaye, et le secrétaire d’État à la Culture et aux Industries Culturelles et Créatives Bakary Sarr.
Le général Ousmane Kane, président de l’association « Ceerno Sileymani Baal », était également présent pour honorer cet hommage à l’un des grands noms de la révolution du Fouta.
Un film soutenu par le FOPICA
Cette œuvre cinématographique, dont la production exécutive est assurée par la journaliste Marième Selly Kane et l’association Ceerno Sileymani Baal, a été réalisée par le studio Suba Films avec le soutien financier du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (FOPICA).
Lors de cette projection, l’association Ceerno Sileymaani Baal a lancé un appel pour la construction d’un mémorial en l’honneur de la révolution menée par ce marabout et chef de guerre. « Nous avons suggéré aux nouvelles autorités que vous êtes, l’édification dans notre capitale d’un mémorial dédié à la révolution du Fouta de 1776, ainsi que la construction du mausolée de Ceerno Sileymaani Baal », a déclaré le général Ousmane Kane. Il a ajouté que ce geste symbolique marquerait un acte fort de réhabilitation du patrimoine historique sénégalais, soulignant l’importance de ce dernier pour la construction d’un Sénégal souverain, juste et prospère.
Un leader historique célébré
Thierno Souleymane Baal, né en 1720 à Bodé dans l’actuel Podor, repose aujourd’hui à Jiinge, près de Kaédi sur la rive droite du fleuve Sénégal. En 2021, un colloque a été organisé en son honneur à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar. Le film de Moe Sow constitue une nouvelle pierre dans l’édifice de la mémoire de ce héros national, figure clé de la révolution du Fouta et ardent défenseur de la justice.
